IMG_7023-2 Mon Chien Stupide

Henri J. Molise est un romancier quinquagénaire d’origine italienne, en mal d’inspiration, qui vit retranché dans sa villa au-dessus de Santa-Monica. C’est un rabat-joie dans toutes les soirées, il évoque sans cesse le bon vieux temps. Quand il ne sort pas, il picole en regardant des débats télévisés. Écrivain raté, brouillé avec son agent, contesté par ses quatre enfants qui sont en passe de voler de leurs propres ailes, nourri d’œufs à la coque et de crème caramel par son épouse Harriet dont il n’est plus tout à fait sûr d’être amoureux, il finit par faire la rencontre d’un énorme chien au comportement…étonnant.

Tragi-comédie canine.
d’après le roman de John Fante.

Cie Les Amis de Monsieur

Mise en scène : Corinne Calmels et Jean-Paul Bibé

Adaptation et interprétation : Jean-Paul Bibé

Régie lumière : Marylou Bateau

À partir de 12 ans
Durée : 1h35

Note d’intentions de Jean Paul Bibé

Si John Fante met sa vie en scène et s’amuse avec la réalité dans ses romans, les protagonistes de chaque histoire conservent une humanité, une vérité extrêmement touchante.

C’est ce qui m’a poussé à adapter « Mon chien stupide » pour la scène. Après la crise de la quarantaine évoquée dans le spectacle « la fête à Fred », de Manu Causse, que nous avions créé avec Corinne Calmels, le temps a fait son œuvre et nous voici en pleine crise de la cinquantaine avec John Fante.

Le mot « crise » est-il juste ? Peut-être pas.  La vie ne serait plutôt qu’une perpétuelle remise en question, une suite de conflits intérieurs, qui, plus ou moins réglés, nous permettraient d’aborder le monde extérieur avec plus de sérénité.

« Molise », le héros de « Mon chien stupide », concentre une quantité appréciable de mauvaise foi, de pessimisme, de cynisme, d’angoisse, de nostalgie et d’ironie face à ce monde extérieur qu’il ne comprend pas. Cette somme de sentiments contraires en fait un être humain passionnant à interpréter.

L’enjeu de ce seul en scène sera d’accompagner Molise de sa femme, ses quatre enfants et de quelques autres personnages secondaires. Une épopée humaine où les récits de Molise seront souvent entrecoupés par des dialogues avec les différents protagonistes de sa vie.

Le plateau sera presque nu, peut être qu’un vieux rocking chair trônera au centre pour permettre le repos du guerrier, comme dans toute bonne vieille histoire américaine. En fond de scène, deux ou trois cordes à linge où seront suspendus les différents vêtements de Molise et des autres personnages, ainsi que quelques accessoires. Comme pour suggérer la lointaine Italie des origines de Molise et la présence de la famille.

L’accompagnement musical commencera par l’univers du rock des années 70 dans lequel baignent les enfants de Molise, pour finir par la variété italienne. La « Dolce Vita » dont il rêve encore et toujours.

Corinne Calmels sera là pour me guider, m’aider à donner vie à cet écorché vif qu’est Molise. Après « La fête à Fred » de Manu Causse, « La vie c’est ce qui vous arrive pendant que vous rêviez de faire autre chose », de Sam Shepard, nous allons créer ensemble « Mon chien stupide », de John Fante, le troisième volet de cette trilogie de l’existence qui ne parle que d’« Être ou ne pas être ».

Jean Paul Bibé, comédien

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Note d’intentions de Corinne Calmels

La Genèse

La première fois que j’ai vu Jean-Paul Bibé, c’était sur scène, dans une pièce de Shakespeare « Richard III » mis en scène par Vinko Viskic. Il y a presque 25 ans. J’avais été impressionnée et par son jeu et par ce qu’il dégageait, sa présence.

En  2006, lorsque j’ai créé le Théâtre du Chien Blanc, nos liens se sont faits plus réguliers. Un soir, je suis allée voir une pièce de Dubillard dans laquelle il jouait, je retrouvais la même générosité  dans son jeu, beaucoup de fantaisie et ce que j’aime à voir chez un acteur, le lien à l’enfance quand l’être joue relié à son enfant intérieur.

J’étais, à ce moment là en recherche d’un nouveau spectacle fantaisiste. Je lui proposais de créer ensemble un spectacle d’après des textes de Jean Tardieu, sur les conseils artistiques de Christian Chamblain. Ce fut une réussite. Nous avons réalisé « Il y avait Foule au Manoir  » en 2010. Quelques temps plus tard, Jean-Paul m’a invitée à faire la mise en scène du texte de Manu Causse « La fête à Fred« , un vrai régal pour moi d’accompagner Jean-Paul dans cette direction d’acteur.

Puis ce fut à mon tour d’amener un texte, en 2013 ce sera Mathilde de Véronique Olmi.  Puis en 2014, Jean-Paul m’entraine vers la mise en scène de nouvelles de Sam Shépard, « La vie c’est ce qui vous arrive pendant que vous rêviez de faire autre chose… » suivra en 2015 Acting, de X.Durringer , avec Guillaume Destrem, et Alain Fériol.

Pour la création 2018, Mon Chien Stupide, d’après le roman de John Fante au Théâtre du Chien Blanc, rien que le titre me fait envie.

Cette fois-ci encore, Jean-Paul a choisi le texte, et l’a adapté.

Je sens que J.P a des choses toutes particulières à transmettre à travers le personnage de Henri J. Molise.

Je le suis donc …

Et il passe devant, déblayant le terrain, je me mets au service de son projet.

Dès les premières répétitions, il connait le texte et rapidement nous nous mettons  au travail de l’interprétation.

Organique.

Je travaille  intuitivement, comme souvent.

J’aime arriver disponible aux propositions de Jean-Paul, sans mentaliser, ni projeter, ni attendre quelque chose.

A chaque répétition, il se raconte un peu plus de cette histoire, l’histoire de ce Henri J. Molise et de tous les personnages qu’il interprète dans ce monologue.

Ce texte qui nous arrive aux oreilles et à l’intellect dans un premier temps, sera d’abord digéré, il descendra, dans le ventre, vers la terre, pour prendre racine dans les cellules du corps du comédien. Après cette transformation,  les mots nous parviennent alors vivants, transportés par l’énergie de l’acteur.

C’est de la belle musique, une gracieuse vibration.

J’accompagne J.P dans ce travail de transformation naturellement et simplement.

C’est un peu magique, ça se parle peu.

Ça s’incarne, séance après séance, semaine après semaine,

Dans la décontraction et le respect qui nous relient,  Jean-Paul l’acteur-créateur et  moi l’œil extérieur – le « miroir  » coule une fluidité tranquille.

Je fais confiance à ce qui anime la créativité de Jean-Paul, sa belle vitalité qui fait échos en moi et qui anime le public à son tour. Le mouvement  se crée …

Une question de confiance, l’un envers l’autre. L’un se saisit de ce que propose l’autre, accepte le jeu sans jugement, sans anticipation et propose aussi …

Chacun livre avec générosité son travail de comédien(ne), de metteur (e) en scène comme un artisan de l’émotion.

Corinne Calmels