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Histoire de Vivre

Une cellule de prison, deux détenus anesthésiés par cet univers clos. Un troisième arrive, plus jeune, différent : Germain. Pour combler le vide et le temps, il invente des histoires de château fort, de princesse et d’aventures. Peu à peu, Simon et Yvan se laissent entraîner par la force de l’imaginaire. Germain devient la voix, le guide, l’initiateur de ces aventures qui parlent à leurs âmes et les ramènent à leur condition d’êtres humains, à l’envie, à la confiance, à la sensibilité, à leur dignité d’hommes. Ils deviennent les héros d’une épopée intérieure qui bouleversera leur quotidien. Histoire de vivre pour ne pas se laisser mourir.

Il s’agit d’une pièce sur l’enfermement, physique ou psychologique, et ses conséquences (violence, souffrance…), et sur la proposition créative qui permet de s’échapper en utilisant ses « ressources humaines ». L’imagination, comme respiration d’abord, puis comme révélateur de l’âme, comme moyen d’exprimer ce qu’on a au fond, comme langage qui ouvre un chemin vers l’acceptation de soi et des autres. Entre éclats de voix et éclats de rire, ce spectacle incite à une réflexion sur ces histoires d’hommes qui se retrouvent en prison, sur la limite parfois ténue qui fait basculer une vie dans le drame plutôt que vers l’épanouissement personnel.De l’instinct barbare à une sensibilité délicate, en passant par l’humour, toute la palette des émotions meut les personnages dans cet anti huis-clos, puisqu’ouvert sur tous les possibles.Au milieu du pessimisme ronronnant et ronchonnant, sachant qu’il est plus aisé pour les auteurs d’enfoncer le clou du désespoir que d’éclaircir nos horizons, cette « Histoire de Vivre » gonfle les voiles des navires qui aiment prendre le large sur les vagues de l’imagination. Jean-Louis Châles (éditeur)

Dans « Histoire de Vivre », les dialogues épurés tranchent comme des lames. Il s’agit d’un jeu réaliste, psychologique. Les personnages de la pièce sont sous pression de par leur enfermement. Leurs réactions, leurs émotions sont exacerbées, surtout pour Yvan et Simon; Germain est plus sur la retenue. Le gardien, lui, ponctue la pièce par ses apparitions; il illustre le rôle du geôlier, représentant de l’institution carcérale, témoin d’un jeu qui lui échappe et qui lie les trois personnages. Des personnages haut en couleurs, avec chacun leur côté ombre et lumière, en aucun cas des caricatures. Le texte de Nathalie Saugeon laisse une large place au jeu des comédiens, aux silences, aux liens qui se tissent, à tout ce qui se dit hors des mots. Des relations qui vont de l’instinct barbare à une sensibilité délicate et humaine. Dans la pièce hdevgrille« Histoire de Vivre », Germain allume l’étincelle de vie des deux autres. Yvan et Simon se réveillent, se découvrent et nous apparaissent touchants et drôles.Germain, mystérieux, d’une conscience plus aigüe que les autres, prend la place de guide et d’initiateur. En assumant la part féminine qui est en lui comme en chacun, sa créativité, il permet à Yvan et Simon de l’exprimer à leur tour, de prendre confiance, pour s’ouvrir à l’autre et à eux-mêmes.C’est l’alchimie de ces trois protagonistes, ce lien magique qui les unit – on peut parler d’amitié ou de rencontre – qui leur permet à chacun d’évoluer, de transformer ce quotidien et se transformer eux-mêmes.C’est une pièce qui parle à l’âme, comme un conte, une œuvre toute simple, d’une force inouïe, qui donne tout son sens à l’art, à la création et à ce qu’ils ont de force vitale. On sort de cette pièce enflammé, rempli de vie, c’est beau, plein d’espérance.Aujourd’hui où la culture est en danger, où beaucoup de choses sont faites pour tenter d’enfermer l’imagination et la créativité, cette pièce brille comme une petite perle remplie d’espoir et de sensibilité, et donne la force de croire en des changements.

Corinne Calmels